jeudi 20 septembre 2007

Entre euphorie et appréhension

Par où commencer?


Je crois que je vais d'abord m'excuser... J'aurais dû vous donner de mes nouvelles plus vite!

Mais vous savez, je m'adapte à la mentalité d'ici: pas le temps, en retard; peu le temps, je pars; plus le temps, trop tard...:-)

Je m'excuse également parce que, vu que je n'ai pas écrit ici plus tôt, je vais vouloir tout raconter d'une traite, maintenant ! Et vous allez devoir tout lire d'un coup du coup!!!:-)

Voilà cinq jours que je suis à New-York et je dois dire que cette ville me plaît de plus en plus.

Bon. Je ne vais pas vous le cacher, j'ai eu un peu le cafard... Pas le premier soir parce que j'étais dans l'excitation du moment. Par contre le dimanche matin lorsque je me suis réveillée seule, dans une chambre inconnue avec des colocataires inconnus (qui n'étaient pas là d'ailleurs) à la veille d'un job inconnu dans une langue inconnue, j'ai repris mon souffle mais je ne faisais pas la fière! (Vous remarquerez que je sais décliner les adjectifs...) J'étais totalement à fleur de peau, passant du rire à la montée des larmes plus vite que Bip Bip ne passe devant Coyote.(si vous ne comprenez pas l'allusion, revoyez vos classiques Looney Tunes...)Mais attention, j'ai bien écri à la montée des larmes seulement: je n'ai pas pleurer! Je préfère le préciser parce que cette aventure est une telle chance qu'il serait indécent de ma part de verser une seule larme, sauf de joie! Voilà, fin de la parenthèse: reprenons!) J'étais donc dans un état disons de transition lorsque je me suis dit:"Ma grande, tu as le choix: rester ici dans cet appartement encore impersonnel à te demander tantôt qu'est ce que tu fais là et quand est le prochain vol pour la Suisse, tantôt quels seront tes endroits fétiches et qui seront tes premiers amis; ou alors tu peux t'habiller et aller voir par toi même quels genres de vers à cette Big Apple dans son ventre... Et par la même occasion quel genre de trippes toi tu as dans le tien!"

Le défi était lancé; l'élan était donné! Stop!!! Où vais-je bien pouvoir aller? C'est qu'il paraît que New-York n'est pas petite... Il me fallait un objectif! Je devais me trouver un vêtement classe pour le boulot, mais pas trop cher, budget oblige... Ce sera donc direction H&M! Je vous l'accorde, j'aurais pu trouver mieux et plus glamour comme premier but. Mais ne dit-on pas un petit but pour l'homme vaut mieux qu'un grand objectif pour l'humanité? ...Non on ne le dit pas... Toutes mes excuses à Neil Armstrong...

Quoi qu'il en soit, je suis partie sac au dos, but en tête, appareil photos à la main et crampe au ventre jusqu'au métro. Métro de qui d'ailleurs je devais prendre ma revanche. En effet , la veille au soir je m'étais endormie dedans et réveillée au terminus de Brooklyn Bridge, à l'opposé de mon logement... Enfin passons sur les détails puisque j'ai réussi à rentrer saine et sauve...Grande anecdote de début d'aventure, mais sûrement qu'une parmi tant d'autre en fin de périple...

Je devais sortir, selon les indications de ma très chère amie la carte de métro, à la station de la 59 St sur Lexington Avenue. Ca ne vous dit rien? Ben à vrai dire ça ne me parlait pas beaucoup plus... Mais il semblait qu'il devait y avoir un H&M pas loin... J'ai donc commencé à marcher dans une des 4 directions possibles; direction préalablement choisie selon un procédé scientifique maintes fois appliqué... "Papa a dit que c'était..." Vous connaissez? Sur le coup j'ai pas tilté, mais à postériori je me suis rendu compte que mon papa il pouvait dire tout ce qu'il voulait, il était jamais venu à New-York... Je me suis donc, sans grand suspense pour vous je pense, perdue...Mais peut-on vraiment dire que l'on se perd lorsque l'on ne sait pas où l'on va?... Interrogation intéressante, n'est-ce pas? Prenez stylo, papier, dictionnaire; vous avez deux heures...

Deux heures, c'est le temps qu'il m'a fallu pour me rappeler que je devais me trouver des habits. C'est que j'étais hypnotisée par la ville. Les rues, les gens, le trafic, le bruit, les odeurs, la grandeur, la langue, même les stands de bretzels mobiles me fascinaient!!! Tout était différent de la Suisse et pourtant tout m'était familier... C'était exactement l'idée que je me faisais d'une grande ville, mais c'était tout son opposé à la fois... C'était une sensation vraiment étrange, qui était accentuée par le fait que cette ville ne serait pas pour moi un lieu touristique de plus à visiter, mais qu'elle devrait devenir mon nouveau, ou du moins mon second chez moi... Je devrai y travailler, y étudier, y trouver de nouveaux repères, y chercher de nouvelles attaches,... Je devrai tout bonnement et cela aussi affolant et excitant soit-il: y vivre!

J'ai donc erré d'une rue à l'autre, un peu dans un état second. Je voyais un monsieur avec une mallette, je le suivais. Puis je croisais une madame avec un foulard, je la suivais... je voyais au loin un drapeau italien, je marchais vers lui, mais ne l'atteignais jamais parce qu' en cours de route je rencontrais quelqu'un ou quelque chose qui me faisait changer à nouveau de direction. Un rien attirait mon attention et m'aimantait, avant de devenir totalement insignifiant à mes yeux... Jusqu'au moment où je l'ai vu!... Il m'a scotchée et je me suis enfin arrêtée me focalisant sur lui. Non, ce n'était pas mon prince charmant! C'est un blog ici, pas un Walt Disney...!!! Veuillez retomber sur terre s'il vous plait...:-) C'est quelque chose de beaucoup plus symbolique et je l'admets volontiers, d'un peu magique: Central Park!!! Un des lieux mythiques de NYC et surtout le premier que j'ai exploré, celui qui me fit prendre conscience que je n'étais pas dans une quelconque grande ville, mais à New-York: la belle, la vraie, l'unique.

N'ayant pas d'homme sous la main pour une balade romantique, je me suis acheté un hot dog... Et bras dessus bras dessous mon hot dog et moi nous sommes aventurés dans cette forêt un peu surréaliste. Lui n'a pas vu grand chose du parc, il était tellement petit et sans goût que je l'ai avalé d'une traite... Moi par contre je n'ai perdu aucune miette de ce paysage déroutant.

Des cours de yoga sur une pelouse, un homme pressé au téléphone, deux amis qui font leur jogging, une famille mangeant une glace, une équipe télé faisant un reportage, des touristes, des vendeurs de plein de choses qui ne servent à rien; mais aussi des petits sentiers, des gouilles, des écureuils, des bancs, un mini parc d'attraction, des chevaux, le bruit de la ville au loin, les buildings dépassant des arbres, un peu de vent et beaucoup de soleil.

L'endroit est fascinant de par son environnement autant que de par les gens qui y évoluent... Ces derniers semblent trouver là un peu d'oxygène et surtout ils paraissent être qui ils sont vraiment; loin des masques de la vie professionnelle, des codes de bienséance et de tous les autres freins à l'épanouissement de soi. Les barrières sont abaissées, les jugements inexistants... On rit, court, crie, chante, se change les idées,... on respire! Celui qui disait que Central Park était le poumon de NYC n'avait pas tort; même si je pense qu'en réalité tous les parcs de la ville tiennent ce rôle et que donc Central Park tire sa notoriété et son aura d'ailleurs... Je ne sais pas de quoi. Certes c'est le plus grand parc de la ville, certes il est situé au coeur de celle-ci, mais il y a autre chose qui émane de lui précisément et que je n'ai retrouvé pour le moment qu'à l'intérieur de son enceinte... J'aimerais pouvoir vous décrire exactement ce que c'est, mais je n'y arrive pas... Je crois que c'est un peu comme les lapins de Pâques: tout le monde trouve leur chocolat meilleur et pourtant personne ne sait pourquoi...

Certains diront que c'est un endroit trop touristique, que ce n'est qu'un parc comme il en existe tant; d'autres adoreront et trouveront ce lieu extraordinaire. Mais ce qui est sûr, c'est que personne ne restera indifférent. Moi je ne sais pas encore, je ne l'ai pas assez exploré pour me fixer définitivement. Je peux cependant dire que ce que j'ai vu m'a donné envie d'y retourner... Et j'espère que ma prochaine excursion dans ce petit monde à part ne me décevra pas. Vous savez, j'aimerais que se soit autant excellent que de croquer dans l'oreille d'un pauvre lapin en chocolat tout mimi... :-) Enfin, c'est une affaire à suivre!

Après ce petit écart un vieux reflexe inutile ici m'a ramené à la réalité... En effet, j'ai regardé ma montre et j'y ai vu noté 18h20!!!! 10 minutes avant la fermeture des commerces... et donc avant l'échec de l'accomplissement de mon premier objectif. Ce n'était pas envisageable! Je suis donc sortie précipitamment du parc et me suis mise désespérément à la recherche d'un magasin. C'est ainsi que j'ai atterri dans un grand centre commercial de type boutiques de luxe... J'y suis entrée et y ai découvert une des principales particularités de la ville: la climatisation! Pénétrer dans un lieu clos à NYC c'est un peu comme passer la frontière (si frontière existait...) entre la Tunisie et le Pôle Nord... J'en avais déjà fait l'expérience dans le métro, mais j'avais alors pensé avec ma naïveté helvétique que ce devait être un problème technique temporaire... Et ben non, c'est une tare répandue partout et qui ne semble déranger que moi...:-) Ce choc thermique aura tout de même eu son avantage, il m'a aéré le cerveau et je me suis ainsi rendu compte que la Big Apple était aussi surnommée La ville qui ne dort jamais... Rien ne ferme à 18h30... ni banques, ni coiffeurs, ni commerces,... Alors au milieu du grand hall d'entrée en marbre blanc de ce temple de la consommation j'ai éclaté de rire me disant qu'il me restait encore beaucoup à faire avant de devenir une vraie citadine d'une grande métropole... et je crois même avoir arraché un sourire à plusieurs new-yorkais pressés qui ont été surpris de voir un drôle d'être tout blond mort de rire tout seul devant des escalators tout ce qu'il y a de plus basique!:-)

Remise de mes émotions et voyant que les habits présentés dans les différentes vitrines des différents étages étaient autant beaux que chers, j'ai jugé préférable de me remettre à la quête d'un bon vieux H&M... Mais avant de quitter définitivement ces boutiques alléchantes mais inatteignables et parce que mon estomac me suppliait de le remplir de quelque chose de plus consistant qu'une demi "wienerli" entourée de quelque chose qui devait être du pain toast (comprenez mon ami le hot dog de tout à l'heure) j'ai acheté un malheureux sandwich jambon fromage... Pourquoi malheureux? Parce que le pauvre eut le droit à toutes mes exclamations de protestation: "Quoi mais ça va pas!!! Un sandwich de base à passé $8!!!! Je t'en foutrais moi des %6*#ç+"*&)£# ...(***sensured***)" Ma naïveté qui depuis le temps est devenue AOC avait encore frappé... Ce qui est chez nous un casse-croûte de bas étage est ici un produit de luxe car it's french food! Enfin, autant vous dire que j'ai savouré ce bout d'Europe et que j'ai même hésité à congeler un morceau pour une grande occasion...

Mon repas digéré (le prix de ce dernier pas encore tout à fait...) j'ai décidé de mettre en place un jeu de piste très amusant. J'ai choisi de remonter la trace des sacs en plastique H&M... Je m'explique: c'est dimanche, il y a beaucoup de monde dans les rues et pas mal de filles se vouent à leur occupation favorite: le shopping! Elles se baladent d'un magasin à l'autre avec accrochés à leurs poignets les différents sacs des différents commerces préalablement visités... En repérant les plastiques H&M et la direction d'où viennent leurs propriétaires, je dois logiquement finir par retrouver le point de départ commun à toutes ces acheteuses: le commerce lui-même! Malin, hein? En théorie oui, en pratique cela s'est avéré plus long que prévu et un peu plus compliqué aussi... Pourquoi n'ai-je pas simplement demandé mon chemin? Je l'ai fait figurez-vous! Seulement cela ne m'aidait pas des masses vu que les gentils passants un tantinet pressés me donnaient des indications que je n'étais pas encore en mesure de comprendre ... Du genre: "C'est à côté de la Chase banque au Nord Est de Park avenue" ou" Vous en avez un à 15 minutes avec le métro A C E, downtown, je crois que ce doit être pas loin de la bouche de la 34ème street et y'a un duane reade annexé si jamais"... Aaaaaaaaaaaaa!!!...Merci... En plus une fois sur deux je ne saisissais pas un mot à cause de l'accent américain... Alors vous voyez que mon idée de course poursuite inversée n'était pas si stupide que ça pour finir... Quoi que...

J'ai tout de même fini par passer la porte de ce Haut & Merveilleux lieu du vêtement peu cher et me suis mise à fouiller parmi les rayons. Voilà une chose qui m'était familière! Certes le magasin est beaucoup plus grand, certes il y a plus de désordre, certes la file à la caisse est plus longue qu'à Sion et encore certes il faut presque une carte pour se repérer dans le dédale des cabines; mais hormis ces petits détails, il y règne la même atmosphère et on y perçoit la même diversité dans la clientèle qu'en Suisse. Et ça, croyez-moi, ça fait drôlement du bien!:-) Tout ne m'était pas totalement nouveau et inconnu!

Après une bonne séance shopping, j'ai rejoint la bouche de métro de la 59ème Street sur Lexington Avenue avec d'une part mon ensemble pour le travail, d'autre part la grande satisfaction d'avoir survécu à cette première journée à NYC et enfin avec la certitude qu'il ne dépendait que de moi de faire de cette année à l'étranger une expérience enrichissante, inoubliable et pleine de surprises.

Je suis également convaincue que du moment que je garde mon optimisme et mon sourire aucun objectif de quelque nature qu'il soit ne sera inatteignable. H&M était le premier, mais sûrement pas le dernier!!! D'ailleurs vous allez rire (et je vous rassure je vais terminer ainsi), la bouche de métro n'était qu'à une minute du magasin... Il aurait suffi que je prenne la bonne direction au départ pour tomber directement dessus! Mais je me dis que ça aurait été beaucoup moins drôle et qu'alors en fait j'ai quand même bien fait de choisir mon chemin d'après le procédé scientifique "Papa m'a dit que c'était..." Parce que d'abord, vous savez, il faut toujours écouter ce que vous dit votre papa (!), même s'il n'y connaît rien!:-)... Bon, je dois vous avouer que mes pieds ne tenaient pas le même discours à la fin de la journée... Mais dans le fond, depuis quand on écoute ses pieds??? :-)


dimanche 16 septembre 2007

Tu speak italiano?

Voilà, c'est parti! J'y suis! J'y reste? J'y reste. Même si en fait je n'y suis pas encore totalement... D'abord parce qu'un avion SWISS c'est toujours un peu le territoire helvétique, non? Oui. Du moins j'aime à le penser. Ensuite parce qu'officiellement je ne suis pas aux USA mais au-dessus des eaux internationales. Enfin parce que mon esprit ne réalise pas encore réellement ce qui se passe...
Un peu de moi traîne toujours par les rues de Savièse, un autre peu se prélasse à la Place du Midi, un troisième rit dans la cuisine de ma maison, et tant d'autres rôdent ailleurs encore! Du coup il est logique que je ne puisse pas être entièrement là ou mon corps est... Mais une chose est sûre, j'espère que chacun de ces bouts de moi restera là où il est! Et je souhaite aussi que plein de nouveaux petits peu de moi se poseront par-ci par-là à NYC...

Mais pour l'heure, je suis quelque part au-dessus de l'Atlantique à bord du vol SWISS lx0022 du 15 septembre 2007.
Avant le décollage je m'étais dit ceci: " Si ton voisin est francophone ton séjour aux USA sera difficile et il faudra t'accrocher! Si ton voisin est anglophone tu vas t'éclater à NYC et tu ne voudras plus en revenir!"
Pourquoi je vous dis cela?
Parce que mon voisin est italiophone...Stupide jeu!:-)...